Le spiral donne la cadence

Le spiral donne la cadence

Ce tout petit composant en forme de ressort tient un rôle majeur au cœur du mouvement mécanique. Il permet de réguler la marche du temps et c’est sur lui que repose la précision de la montre. On vous explique ?

Sans le spiral, pas de tic tac régulier. Pas de cadence ni de rythme défini, encore moins de précision. Si une montre retarde ou avance, c’est vers lui que l’horloger se tournera. Lourde responsabilité que celle qui pèse sur les épaules de ce minuscule composant à peine plus épais qu’un cheveu. Présentée à la Royal Society en 1675 par le mathématicien et ingénieur néerlandais Christiaan Huygens, l’invention du spiral a révolutionné la quête de précision des horlogers. Couplé avec le balancier dont il assure les oscillations constantes grâce à son élasticité, il constitue l’organe réglant de la montre. En d’autres mots, son cœur palpitant.

Autant dire que les efforts réalisés pour en améliorer les performances ont depuis lors largement occupé les départements de Recherche & Développement des horlogers. Car pour afficher un isochronisme sans faille, s’enrouler et se dérouler sans cesse avec la régularité d’un métronome, le spiral doit se prémunir de nombreux ennemis. Les chocs évidemment mais aussi le magnétisme, la gravité terrestre ou les variations de température. Pour faire face à leurs effets néfastes, les horlogers ont trouvé plusieurs parades.

Le spiral plat en silicium Si14 dévoilé par Omega en 2008 assure une fiabilité à toute épreuve.

Des alliages…
La première réside dans la composition de l’alliage. Au début du XXe siècle, Charles-Édouard Guillaume a proposé une alternative à l’acier en créant l’Invar, un alliage de fer et de 36% de nickel. Ses propriétés ? Peu sensible au magnétisme, il présente également l’avantage d’afficher un très faible coefficient de dilatation thermique. Pendant près d’un siècle, les spiraux seront principalement fabriqués en Invar, en Elinva, un alliage d’acier, de nickel, de brome et de tungstène, ou en Nivarox composé d’acier, de nickel, de cobalt, de chrome et de béryllium. Il faudra attendre l’an 2000 pour que le silicium fasse son apparition dans la Freak d’Ulysse Nardin avant de conquérir nombre de grandes Maisons horlogères séduites par ses qualités. Outre son excellente résistance au magnétisme, le spiral en silicium a l’avantage d’être fabriqué dans la forme et la longueur souhaitée en une seule étape et offre un gain de fiabilité à la montre. La dernière innovation en date remonte à 2019 avec le lancement d’un nouveau spiral en nanocarbone. Plusieurs années de recherche ont été nécessaires pour que TAG Heuer parvienne à mettre au point ce spiral ultraléger, aussi amagnétique qu’insensible à la force de gravité et aux chocs.

Légèreté, robustesse et fiabilité accrues pour le spiral en nanocarbone présenté par TAG Heuer en 2019.

… et des formes
Outre l’alliage, la forme du spiral peut avoir un impact important sur ses performances. Aux côtés du traditionnel spiral plat, on le retrouve sous divers aspects chez Jaeger-LeCoultre qui le décline magistralement en forme cylindrique ou en dôme. Autre forme très appréciée pour sa fiabilité, celle inventée en 1795 par Abraham-Louis Breguet qui eut l’idée géniale de relever sa spire extérieure selon une courbe calculée très précisément pour assurer le développement concentrique du spiral, gage de précision de la montre. Une prouesse technique baptisée «courbe Breguet » ou «courbe Phillips» du nom du mathématicien français Edouard Phillips qui dans les années 1860 aura perfectionné le mécanisme inventé par Breguet.


FAUX FRÈRES

Parmi les multiples éléments qui composent un mouvement mécanique, seul deux composants ont une forme de ressort. S’ils ont plus ou moins la même forme, attention à ne pas les confondre. Le ressort spiral est l’organe réglant de la montre. Le ressort de barillet sert, quant à lui, à délivrer l’énergie dont le mouvement a besoin pour fonctionner.