Il était une fois… un château

Il était une fois… un château

Silhouette emblématique de la place du Marché à Vevey, face au Léman, le Château de l’Aile défie le temps. Sa rénovation, exemplaire, lui a redonné son faste néogothique. Bienvenue dans ses coulisses...

Comme dans toute histoire merveilleuse, à l’issue bien entendu heureuse, celle du Château de l’Aile est faite de gloire et derevers. Celle-ci commence en 1545 : les anciennes halles de la ville, à l’origine du mot « Aile », se transforment au fil des années en auberge, puis en cabaret. En 1685, devenu entre-temps « château d’agrément », le bâtiment entre au patrimoine de la famille Couvreu. Jardins, écuries, création d’une promenade… le lieu gagne en ampleur. Puis, Jacques-Édouard Couvreu, féru d’art néogothique anglais par ses études en Angleterre, mandate Philippe Franel – architecte à l’origine de l’Hôtel des Trois Couronnes de Vevey. La métamorphose peut commencer en 1840 : le château « chrysalide » déploie ses ailes et devient l’une des constructions majeures de l’art néogothique vaudois. Mais, au fil du temps et des héritiers, le voilà qui bat de l’aile. Le déclin finit par succéder à la grandeur. En 2007, le château sera vendu par la ville de Vevey à Bernd Grohe, héritier de l’entreprise de robinetterie allemande, de mère vaudoise et domicilié dans la Riviera. Avec un impératif : une restau- ration réalisée dans le respect absolu de l’architecture d’origine.

Le grand salon

Réveiller minutieusement une beauté oubliée
Dix ans de rénovation, 90 métiers impliqués : les chiffres des travaux qui ont fait revivre le Château de l’Aile sont à la hauteur de sa valeur patrimoniale, en tant que bien culturel suisse d’importance nationale. Pierre après pierre, la façade de molasse délabrée a fini par retrouver son riche décor néogothique. De la toiture, réalisée en ardoises, aux parquets marquetés des sols – certains sauvés de justesse des ravages des parasites –, la « résur- rection » a respecté l’héritage d’autre- fois au détail près. À l’intérieur, les plafonds et boiseries ont été repeints à la main, avec des peintures spécifiques, et leurs couleurs restituées à chaque pièce, ainsi qu’une peinture façon marbre dans les cages d’escalier, patient travail d’orfèvrerie. Ou encore les nombreuses pièces de métal, serrures et clés forgées, indissociables de la vie d’hier et d’aujourd’hui au château, fidèlement recréées.

Un lieu ancré dans l’art et la culture locale
Inauguré en 2017 et exploité dès l’année suivante comme lieu de réception, le château n’en a pas fini sa transformation complète pour autant. Le « pavillon », anciennes écu- ries, attend patiemment son tour, et prête en attendant ses murs à des artistes de passage. Car les gérants de cet endroit historique ont à cœur de le faire prendre part à la vie culturelle locale. Le château accueillait ainsi le vernissage du festival Images Vevey, ou la dernière Fête des Vignerons dans son caveau. Ses exploitants ont aussi rejoint le comité du festival Vibiscum, né en 2022, transformant du même coup la bâtisse en « zone VIP » pour des artistes bien d’aujourd’hui, comme les rappeurs de IAM ou DJ Morten. Car la nouvelle histoire du Château de l’Aile ne fait que commencer !

Trois questions à Mariza Durgnat

Manager et coordinatrice événements

Quels événements le Château de l’Aile accueille-t-il ?
Ses différents espaces se prêtent à des événements privés ou professionnels, accueillant entre 20 et 120 personnes, ou alors à des shootings et des tournages.

Quels sont les espaces à disposition ?
Un caveau et des salons peuvent se louer indépendamment, ou ensemble. Parmi les plus beaux endroits du château figurent aussi une véranda, des tourelles, une cour intérieure et bien entendu des jardins.

Pour goûter à la vie de château, peut-on y passer la nuit ?
Tout à fait. Au rez-de-chaussée se trouve un appartement disponible dès trois nuits consécutives. De plus, courant 2023, nous proposerons des chambres au 2e étage, avec tout le confort d’un service hôtelier.

Chateau de lAile

Curiosités d’hier et d’aujourd’hui

Dans ce château, point d’interrupteurs. Mais pas non plus d’anciennes chandelles en guise d’éclairage ! Pour éviter toute intrusion contemporaine sur les parois, les lumières se contrôlent via des bornes discrètes, aussi équipées de haut-parleurs et de micros pour un confort high-tech. Autre fait étonnant : le bâtiment est doté d’un chauffage central par pulsion d’air – un système d’époque. L’air est ainsi diffusé dans tout le bâtiment depuis la chaufferie, avant d’être récupéré à hauteur d’un tiers.