INTERVIEW EXCLUSIVE – Barbara Hendricks, la voix sur le coeur

INTERVIEW EXCLUSIVE – Barbara Hendricks, la voix sur le coeur

On ne présente plus cette merveilleuse cantatrice installée depuis une trentaine d’années sur la Riviera vaudoise. Pour l'horloger-joaillier Lionel Meylan, Barbara Hendricks ouvre le livre de sa passion, de ses plaisirs et de ses rêves. Rencontre…

Dans quelles circonstances est née votre vocation de cantatrice ?
C’est une longue histoire… Je suis née avec un don, un talent. J’ai toujours aimé chanter. Quand j’étais enfant, je chantais à l’église dans laquelle mon père était pasteur. J’ai beaucoup chanté à l’école aussi. Mais plus tard, j’ai choisi d’étudier les mathématiques et les sciences à l’université. J’ai eu la possibilité de participer à un cours de chant. J’ai passé un premier concours que j’ai gagné. Des gens autour de moi m’ont poussé à continuer. Je suis alors partie neuf semaines en stage pour étudier la musique classique, la musique de chambre, le récital.

Qu’avez-vous alors ressenti ?
C’était un monde étonnant, inconnu, mais je n’y étais pas étrangère. Je ne connaissais vraiment rien à la musique. J’avais juste 20 ans, j’étais totalement ignorante, naïve. Et en même temps, j’aimais la sensation de chanter, de partager la musique, sans aucune pression, sans ambition. Je suis partie étudier à la Juilliard School à New York. C’est à ce moment là que j’ai rencontré mon destin.

Quels modèles vous ont inspirée dans votre travail artistique?
Une personne, Jennie Tourel, ma professeure de chant pendant quatre ans à la Juilliard School. En tant que fille de pasteur, cela me troublait beaucoup d’apprendre un métier qui me procurait autant de plaisir. Devenir comme ma professeure, être au service de la musique, me semblait être quelque chose de très noble. Sans cet exemple, je n’aurais pu imaginer faire une telle carrière.

Quelles sont les qualités requises pour atteindre un niveau et une carrière comme les vôtres ?
Chaque artiste est différent. Ce que je vois de commun entre tous, c’est la passion, l’envie de transmettre quelque chose de plus grand que soi-même. Le message n’est pas le mien, je ne suis que l’instrument qui joue…

Avez-vous un répertoire de prédilection ? Un compositeur favori ?
Oui, il y a un compositeur qui m’a toujours suivie. C’est Mozart. Pendant très longtemps, pas une seule année ne passait sans que je chante Mozart. Sa musique est divine car elle est encore plus grande que Mozart lui-même.

A quoi peut-on encore rêver quand on affiche un parcours tel que le vôtre ?
Depuis 1994, j’ai ajouté le jazz et le blues* à mon répertoire. Quand j’étais enfant, mon père considérait le blues comme la musique du diable. Je fais mon éducation aujourd’hui ! Je suis très curieuse, j’aime apprendre des choses nouvelles. Même si je passe aujourd’hui beaucoup de temps dans mon potager, avec mon petit-fils…

Vous résidez sur la Riviera, pour quelles raisons ?
Je vis ici depuis 30 ans. C’est là que mes enfants ont grandi. C’est impossible d’expliquer à quelqu’un la beauté de la Riviera, la majesté des montagnes qui tombent dans l’eau. Quelle chance nous avons ! Et puis, il y a la gentillesse de mes voisins. Ici, les gens m’ont laissée être moi-même. Je n’ai jamais eu besoin de garde du corps. Je me suis toujours sentie bien ici, bien accueillie et bien aimée.

Appréciez-vous l’horlogerie ?
Je suis fascinée par le travail des horlogers. Tout est si minuscule… On a besoin de l’horlogerie mais j’aime aussi beaucoup ne pas savoir l’heure qu’il est, l’oublier pour faire les choses dans le temps nécessaire. Dans ma vie, j’ai eu le luxe de pouvoir prendre le temps qu’il fallait pour devenir qui je suis.

*Sortie du disque « Blues everywhere I go », Barbara Hendricks & her blues band, Arte Verum, octobre 2015