Profession, Photographe – Instantané sans cliché

Profession, Photographe – Instantané sans cliché

Le métier de photographe fait appel à une alchimie intime entre technique et créativité. Pour Luca Carmagnola, la magie s’est produite par hasard mais elle s’est imposée comme une évidence. Le fil rouge de ses images lumineuses : une passion toujours renouvelée.

Il aurait pu devenir chef de gare. Il aurait pu passer sa vie à regarder partir les trains, voyageur immobile, képi vissé sur la tête et sifflet au bout des lèvres. Luca Carmagnola aura finalement choisi une autre forme de voyage. Celui de la photographie, cet univers vaste et riche auquel rien ne le prédestinait jusqu’au jour où, ses premiers salaires d’apprenti chef de gare en poche, il s’est offert un appareil photo. Au premier clic, le jeune Luca prend une claque. « J’avais 17 ans, se souvient-il. J’ai immédiatement compris comment ça marchait. La passion s’est imposée comme une évidence. Au bout de six mois, je voulais changer d’orientation, je savais que je voulais en faire mon métier. » Au plaisir de la prise de vue s’ajoutent les sensations de la chambre noire. Les odeurs des bains, l’émotion de la révélation de l’image… L’irrésistible charme de l’argentique… Luca terminera son premier apprentissage et en entamera un second, dans la photographie cette fois. « Je suis passé de CHF 1’300.– à CHF 250.– de salaire mensuel. » Mais peu importe, quand on aime on ne compte pas. «Mon plaisir a été mille fois décuplé!»

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A la suite de son apprentissage, Luca occupe un poste d’assistant à la prestigieuse Ecole de photographie de Vevey. En 1992, il se lance à son compte et ouvre son propre studio dans les environs de Vevey. La meilleure manière, finalement, de vivre sa passion comme il l’entend. « Ce que je préfère, c’est photographier les gens, souligne-t-il. J’aime le contact humain, chercher ce que la personne veut représenter d’elle-même et parvenir à faire ressortir sa personnalité. Une photo n’est vraiment réussie que quand le sujet photographié se reconnaît et qu’il est agréablement surpris. » Avec les années, le style de Luca a évolué. Il apprécie de plus en plus la spontanéité et le travail à la lumière naturelle. A travers son objectif, il parvient à faire l’éloge du réel. Et dire que ce talent aurait pu rester en gare…

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Photographie vs horlogerie
Par Luca Carmagnola
LE TEMPS : « Pour faire une bonne photo, il faut être là au bon endroit, au bon moment. Suivant le type d’image que vous voulez réaliser, il faut savoir être patient. Vous devez repérer les lieux, guetter une lumière particulière ou attendre que votre modèle soit dans de bonnes dispositions pour poser. »
LA TECHNIQUE : « Comme en horlogerie, la maîtrise technique est indispensable. C’est ce qui va permettre au photographe professionnel de réagir instantanément aux situations qui vont se présenter à lui. Il saura quels réglages appliquer, quel point de vue prendre. Rien n’est laissé au hasard et seule une expérience solide permet d’arriver à un résultat de qualité. Photographe, c’est un métier. »
LA PASSION : « En horlogerie comme en photo, la passion est la clé. Tous les matins, je sais que je vais avoir du plaisir à faire ce que j’aime le plus. Faire de la photo est bien plus qu’un travail. C’est naturel, comme une évidence. »

Des photographes à (re)découvrir
Leurs noms vous disent forcément quelque chose. Normal, ce sont des génies du 8e art. Des mentors, des sources d’inspiration évidentes dont l’oeuvre inspire Luca Carmagnola dans son quotidien. Helmut Newton pour la puissance du portrait en noir et blanc, Robert Mapplethorpe pour ses lumières extraordinaires… Il admire également l’univers et la folie de David LaChapelle. Ou encore la maîtrise exceptionnelle du photographe de mode Mario Testino. Des noms d’artistes qui s’alignent comme autant d’ouvrages de photographies que collectionne Luca Carmagnola.