Souffleuse de verre – L’art du feu et  des volumes

Souffleuse de verre – L’art du feu et des volumes

Dans son atelier installé dans le village de Pomy, à proximité du lac de Neuchâtel, Valérie de Roquemaurel dompte le verre à la force des bras et du souffle. Un artisanat rare et particulièrement exigeant.

Un tempérament de feu. C’est ainsi que l’on perçoit Valérie de Roquemaurel. Cela s’entend à sa voix et se reconnait à ses créations en verre souvent sablé et coloré. Son travail est à la fois d’une grande fragilité et d’une puissante force expressive. Car entre ses mains, une fois le verre chauffé, ce matériau transparent et malléable se transforme. Il semble danser dans un mouvement hypnotique. Cette capacité à se métamorphoser et à prendre forme quand la magie du feu opère, voilà ce qui a séduit Valérie. «En 2004, j’ai fait un stage chez un souffleur de verre, se rappelle-t-elle. Une révélation! J’ai enchaîné sur deux années dans une école pour apprendre le métier. » Un métier très physique qu’elle exerce aujourd’hui dans son atelier de Pomy, avec un geste sûr et aguerri.

À bout de bras
La fabrication d’une pièce en verre exige du temps, une grande précision et de la force. «Les gens imaginent souvent qu’il faut beaucoup de souffle pour travailler le verre, explique Valérie. En fait, il faut surtout des bras pour soulever la canne à souffler et la tourner avec le poids du verre à son extrémité. Et puis, il faut s’imaginer qu’il fait très chaud dans l’atelier avec trois fours allumés en continu. » Le premier four, à 1’140 degrés, est celui où le travail commence puisqu’il abrite jusqu’à 120 kilos de verre fondu. Valérie y puise le verre avec une canne à souffler et, lorsque sa température atteint 900 degrés, lui donne peu à peu la forme désirée en tournant la canne pendant qu’une deuxième personne souffle. « Le verre refroidit très vite donc il faut régulièrement le réchauffer dans un autre four allumé à 1’350
degrés pour pouvoir le souffler », précise l’artisane. Une fois la pièce terminée, celle-ci est refroidie dans un troisième four à 500 degrés. Entre temps, Valérie aura éventuellement coloré sa création en projetant des pigments dans le verre à l’aide de la canne à souffler. Par la suite, elle fera également peut-être une découpe au sablage ou des ornements sablés réalisés à l’aide de pochoirs. Valérie s’exerce à de nombreuses techniques de décoration pour donner à ses créations leur caractère distinctif. La brillance et l’aspect lisse de chaque pièce viennent à la fin grâce à un savant polissage à la main. Avec le plaisir renouvelé de découvrir qu’une fois encore, la magie a opéré.

EN CHIFFRES

2004

L’année où Valérie tombe amoureuse du métier après un stage qui aura duré 8 mois au lieu de trois semaines

1’140

La température en degrés Celsius du four principal dans lequel sont refondus les galets de verre

15

Le nombre d’heures nécessaires pour remplir le four principal de galets de verre

900

La température idéale en degrés Celcius pour travailler le verre

50

Le diamètre en centimètres de sa plus grosse pièce réalisée pour orner un lustre

LEXIQUE

LES FERS À TRANCHER
Cet outil destiné à trancher le verre peut se présenter sous diverses formes et dans plusieurs tailles. Valérie en possède trois paires qui viennent de Murano. Elles lui servent à séparer le verre de la canne à souffler et ouvrir les pièces, voire élargir le diamètre de l’ouverture.

LA MOUILLETTE
Il s’agit d’un outil fait maison mais que tout souffleur de verre se doit de posséder. Fabriquée avec du papier journal mouillé puis compressé en un bloc solide, la mouillette permet de tenir le verre chaud d’une main pendant que l’autre main le sculpte en tournant la canne.

LA CANNE À SOUFFLER
Longue d’environ 120 cm, la canne à souffler se présente sous la forme d’un tube en inox terminé par une extrémité en inox réfractaire. Comme son nom l’indique, elle sert à souffler le verre et son diamètre varie en fonction de la taille des pièces que l’on souhaite créer.

LES MAILLOCHES
Ces outils aux airs de grandes cuillers en bois placées dans l’eau permettent de conserver le verre à une température optimale pour être travaillé. Grâce aux mailloches, l’artisane peut refroidir l’extérieur du verre tout en conservant l’intérieur chaud.


Atelier Valérie de Roquemaurel
24, Chemin du Clon
CH 1405 Pomy
Tel. 078 910 45 15
www.valeriederoquemaurel.com