Il garde un souvenir précis du jour où tout a commencé. Un voyage à deux en République dominicaine, une aventure entre père et fils, un mois à sillonner l’île, de plantations de tabac en fabriques de cigares. « C’était il y a une quinzaine d’années, j’avais 22 ans, se souvient Yann Monbaron. Nous venions de terminer la visite de la manufacture Davidoff, à Santiago, quand un torsador nous a proposé de faire une dégustation. Il a roulé sous mes yeux un cigare léger que j’ai fumé en refaisant le monde avec mon père. Ce premier cigare a été une révélation: j’ai su immédiatement ce que je voulais faire du reste de ma vie. »
De retour à Montreux, Yann rejoint son père, Patrick Monbaron, dans la boutique Tabashop que ce dernier a rachetée en 1996. « Jusque-là, j’étais fan de sports extrême et j’avais fait un apprentissage de paysagiste. Pas facile de m’imposer dans ce milieu de connaisseurs, reconnait-il. Alors, j’ai commencé par voyager, rendre visite aux producteurs de tabac et multiplier les rencontres avec les collectionneurs. Pour me former, il fallait que je m’immerge dans cet univers, que j’en découvre toutes les richesses. » Un voyage initiatique au cœur du vaste monde du cigare qu’il cultive depuis comme un art de vivre, rythmé par les rencontres et les moments de partage.
La qualité avant tout
Aux côtés de son père, Patrick, et de sa sœur, Rachel, c’est en famille que Yann Monbaron transmet aujourd’hui son amour des vitoles en proposant à une clientèle de passionnés une sélection aussi large que pointue de 1200 références de cigares. Des cigares cubains évidemment avec les incontournables Cohiba, Montecristo ou Romeo y Julieta, mais aussi un très bel assortiment de cigares roulés à la main en République dominicaine, au Nicaragua ou au Honduras parmi lesquels les fameux Arturo Fuente ou Davidoff. Sans oublier une pléiade de séries limitées ultra exclusives négociées sur place, dans les plus prestigieuses manufactures. «Nous travaillons uniquement avec des marques qui possèdent une fabrique, souligne Yann Monbaron. Jusqu’à l’année dernière, j’ai continué à parcourir le monde pour regarder comment sont fabriqués les cigares, dans quelles conditions les gens travaillent, leur énergie. Je m’intéresse évidemment également aux spécificités du terroir, à la qualité du cigare, à la couleur de la cape, au respect du vieillissement du tabac. Je vais aussi sentir le cigare, ce qui permet de percevoir énormément d’arômes. J’ai un carnet où je note toutes mes dégustations. Au final, sur près de 250 marques de cigares que peut produire une manufacture, je choisis toujours mes plus grands coups de cœur.»
Plaisirs épicuriens
Le coup de cœur. C’est ainsi que fonctionne cet épicurien qui ne fume que pour le plaisir. « Pour moi, c’est surtout un moment de relaxation que je m’autorise quand j’ai passé une bonne journée ou quand j’ai réussi quelque chose, confie-t-il. C’est une occasion de prendre du temps pour moi, de faire une pause, de me poser les bonnes questions. Une thérapie en quelque sorte. » Car, finalement, c’est bien avec le cœur que les passionnés apprécient le mieux le cigare. Pour Yann Monbaron, c’est avant tout un univers d’aventure et de découverte. La passion du cigare n’aurait sans doute pas la même saveur si elle n’était ce « vecteur de partage et de rencontres » qui fait vibrer les amateurs de vitoles.
LES COUPS DE COEUR DE YANN MONBARON
Le cigare : «En ce moment, j’aime particulièrement fumer des vitoles God of Fire, une série limitée de chez Arturo Fuente produite avec Prometheus. Chaque boîte est numérotée et possède un certificat d’authenticité. J’avais eu un véritable coup de cœur en découvrant cette série d’Arturo Fuente en 2008 mais pendant très longtemps, ces cigares n’étaient disponibles que sur le marché américain. Nous avons dû beaucoup insister pour en obtenir.»
Le terroir : «Je suis fan des cigares du Nicaragua que j’apprécie surtout en module Lancero. C’est un terroir qui se rapproche de celui de Cuba. Il est très intéressant au niveau du caractère. On perçoit des arômes de cacao, des notes terreuses de humus ou de café torréfié. La qualité est incroyable, ils sont extrêmement bien roulés et le tirage est parfait. C’est à chaque fois une expérience unique.»