Le bijou, une œuvre à plusieurs mains

Chaque pierre porte en elle une mémoire, dont le bijou révèle la beauté singulière. Dans les boutiques Lionel Meylan, cette aventure se vit entre les gemmologues et les bijoutiers. Leurs savoir-faire dialoguent pour donner vie à des créations uniques.

Chez Lionel Meylan, les bijoux subliment les gemmes, nacres et perles – souvent des pierres surprenantes – acquises au fil du temps par Florence ou Cristina, gemmologues passionnées formées respectivement par HRD Antwerp et au Gemological Institute of America (GIA). Avant de briller, montés sur des bracelets, boucles d’oreilles ou colliers, ces joyaux nés de la nature traversent une métamorphose guidée par des mains expertes. Créativité et expertise oeuvrent de concert, sur une partition à plusieurs mains.

Révéler les pierres
Tout commence par un éclat. Un saphir, une opale, une tourmaline. Florence veille, scrute, chine. Son regard décèle l’exceptionnel, la rareté d’une nuance, la pureté d’un cristal. Elle explique : « Nous saisissons les opportunités d’acquérir les plus belles pierres. Ensuite, certaines gemmes attendent leur moment, des années parfois, avant de révéler leur potentiel. J’aime ce qui sort du lot, ce qui se distingue. »

Puis la suite peut commencer à s’écrire : quel écrin pour sublimer la pierre ? Comment la monter pour la
préserver ? Tout se joue autour des formes, des couleurs. Des lignes Art déco mettront en valeur des spinelles rouges, serties dans une parure ; des tourmalines vertes, taillées en forme de feuilles, se révèleront dans une création végétale. Sarah, joaillière, traduit en croquis les idées. « Nous avons des
échanges très fluides, les idées fusent. C’est stimulant de pouvoir compter sur autant de savoir-faire en interne, nous pouvons trouver des solutions ensemble. »
L’inspiration est partout, comme dans certaines pièces historiques, amenées par des clients pour des estimations. L’Art nouveau et les chevalières gravées réapparaissent, réinterprétés dans l’air du temps. « Nous captons l’évolution des tendances tout en conservant notre identité », ajoute Cristina.

Aux petits soins pour les gemmes
Rien n’est figé. Certaines pierres réservent leur lot de surprises. Il faut alors réfléchir, adapter. « Parfois nous faisons retailler une gemme par un lapidaire pour en révéler toute la beauté, sans la dénaturer », précise Florence. L’opale, à l’éclat fragile – et l’une de ses pierres favorites –, requiert une monture qui la protège, ou un bijou, telles des boucles d’oreilles, avec un risque de chocs moindre. D’autres gemmes, comme les spinelles rouges, rares et précieuses, attendent d’être en nombre suffisant, de couleur identique, pour se matérialiser en bijou. Au fil de la collaboration, le jeu avec les volumes s’affine et bénéficie, si besoin, de l’impression 3D pour de premiers prototypes. Lorsque la structure est définie, la matière prend forme sous les mains de la joaillière. Le métal précieux est martelé, limé, poli. Une fois prêt, il part entre les mains du sertisseur, qui fixe les gemmes avec précision. « Le sertissage est un monde en soi. Il faut choisir la bonne technique, selon la pierre, la monture, l’éclat recherché », raconte Sarah. Puis, les dernières finitions sont appliquées à l’atelier, avant que le bijou ne soit prêt à rencontrer son futur propriétaire.