L’expérience est extraordinaire mais dans la famille Meylan, elle se révèle tout simplement naturelle. Rien de plus normal quand on a passé son enfance à explorer les hangars, les coins et les recoins les plus secrets des aérodromes que d’apprendre à voler soi-même. Dans la famille Meylan, la passion de la troisième dimension se transmet de père en fils. Comme une évidence, le plaisir de voler est inscrit dans les gênes. Dans le sillage de son père, Yannick a 17 ans quand il commence à enchaîner les heures de vol en vue d’obtenir sa licence de planeur. Une activité un peu trop chronophage à son goût qui l’incite à se tourner vers le pilotage des avions, nettement moins compliqué logistiquement.« Je passais le plus clair de mon temps à l’aérodrome de Bex, se souvient-il. Un jour, l’héliclub a organisé des portes ouvertes pendant lesquelles j’ai eu l’occasion d’effectuer un vol d’initiation avec un instructeur. Bingo, j’avais trouvé là ce dont j’avais toujours rêvé : le vol stationnaire. De la pure lévitation ! » Pugnace, Yannick n’abandonne pas sa licence d’aviation mais se lance en parallèle dans l’apprentissage du pilotage des hélicoptères.

« Plus loin, plus vite, plus haut »
A peine âgé de 23 ans, licence en poche, Yannick est seul aux commandes d’un hélicoptère Robinson R22. L’engin ne comporte que deux places et fonctionne avec un moteur à pistons. Après quelques années, il passe à la vitesse supérieure en pilotant un Robinson R44. Quatre places et un moteur à pistons depuis peu supplantés par la puissance et la performance d’un R66. « Avec cet hélicoptère, on est nettement moins limité par la densité de l’air en altitude ou les températures extérieures, souligne Yannick. Avec son moteur à turbines, il permet d’aller plus loin, plus vite, plus haut. » Une performance accrue pour des sensations proportionnelles. Quand il parle de son expérience de l’hélicoptère, Yannick a les yeux qui pétillent. Non pas quand il évoque la mécanique de son engin ou les sensations en vol mais quand il raconte une aventure humaine. « Je vole essentiellement quand il y a un but de voyage ou pour emmener des gens quelque part. Et je dois dire que ce qui me plait le plus, au fond, c’est l’émerveillement de mes passagers. Le véritable plaisir, ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est de pouvoir partager ma passion. » Le plaisir de partager : un virus inoculé de père en fils dans les veines des Meylan et qui s’exprime dans leur quotidien comme dans leur métier tel qu’ils le pratiquent depuis 26 ans.

Le R66 en chiffres

110 En vitesse de croisière, un vol s’effectue entre 100 et 110 noeuds, soit environ 180 km/h
5 Le nombre de places à bord de cet hélicoptère
14’000 En théorie, le R66 ne peut pas voler au-delà d’un plafond de 14’000 pieds en raison du ratio entre la performance de l’appareil et la densité de l’air. En pratique, le vol est limité en Suisse à 13’000 pieds (3’962m)

Un pilote, trois qualités

Humilité
« Rester humble en toutes circonstances, c’est sans doute la première qualité dont doit faire preuve un pilote d’hélicoptère, explique Yannick Meylan. Tant que l’on est conscient de la force des éléments naturels, de l’incidence éventuelle des facteurs humains et techniques, on peut voler avec plaisir et en sécurité. »

Dextérité
« Contrairement à un avion qui reste bien stable une fois l’appareil correctement réglé, l’une des caractéristiques de l’hélicoptère est son instabilité, ajoute Yannick Meylan. Vous pilotez avec les deux mains et les deux pieds sans jamais lâcher prise, pour pouvoir constamment corriger l’instabilité. Cela nécessite une grande finesse de pilotage. »

Communication
« Est-ce la concentration de certains pilotes qui les rend froid ? S’interroge Yannick Meylan. Personnellement, je crois que lorsque l’on pilote un hélicoptère ou un avion, c’est important d’être ouvert émotionnellement, de savoir communiquer ses émotions, de les partager pour vivre pleinement l’aventure avec le sourire. »