L’innovation horlogère, une question de matériaux

L’innovation horlogère, une question de matériaux

Si l’art horloger a fait un grand pas en avant ces dernières années en termes d’innovation, cela tient essentiellement à l’utilisation de nouveaux matériaux notamment issus de l’aérospatiale ou de la Formule 1. La suprématie progressive de la montre sport a fait le reste.

Si l’on se réfère aux horlogers, la devise olympique «Citius, Altius, Fortius » est devenue le leitmotiv quotidien des
générations actuelles. En un mot, la montre sport est partout et s’adapte à toutes les circonstances. Dans ce contexte, si ces modèles taillés pour l’aventure au quotidien se parent encore volontiers de métaux précieux comme l’or et le platine, plus question de les façonner uniquement dans des alliages traditionnels. Quant à ceux imaginés pour résister à tout, dans les conditions les plus extrêmes, ils font désormais appel à des matériaux conçus pour l’aérospatiale ou la Formule 1, aussi robustes que légers, aussi résistants qu’inaltérables.

Entre le noir et le blanc, la J12 de Chanel ne veut plus choisir. Elle joue habilement avec les contrastes de la céramique dans cette version J12 Paradoxe.

A priori, on pourrait se demander ce qu’un garde-temps aurait à gagner en intégrant des composants mis au point pour la chambre de combustion d’un bolide tournant à 350km/h sur un circuit automobile. Depuis que les ingénieurs ont envahi les départements de recherche et développement des Maisons horlogères, la réponse à cette interrogation a d’abord et avant tout concerné les «moteurs» des montres de poignet. Les questions de frottements, d’usure, de point d’inertie, de lubrification, de légèreté ou de magnétisme ont trouvé réponses avec ces matériaux du futur. Progressivement, le champ d’application s’est étendu aux éléments de l’habillage, glaces, boîtiers et bracelets.

Graal horloger
Là où le silicium a commencé à faire merveille pour les composants des organes de régulation des calibres mécaniques, la céramique et le carbone ont pris le relais au niveau des boîtes de montres. La première pour son exceptionnelle dureté, ses propriétés hypoallergéniques et son adaptabilité à des processus industriels permettant par exemple de faire croître des incrustations d’or sur une lunette en céramique, comme c’est le cas du Ceragold mis au point par Omega. Ou alors pour rigidifier un métal précieux comme l’or, à l’instar du Magic Gold inrayable mis au point par Hublot avec l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Quand on ne parle pas d’assoir le tempérament d’une collection comme ce fut le cas de Chanel dont les J12 sont intimement liées à la céramique.

Léger et extrêmement durable, le carbone habille la Defy El Primero 21 Carbon de Zenith.

Le carbone a engendré la même fièvre auprès des horlogers en raison de sa légèreté et de son exceptionnelle résistance. La Zenith Defy Classic 41mm étanche à 100m se pare ainsi de carbone du bracelet au boîtier pour un poids total de 65 grammes ! Mais les horlogers ne se sont évidemment pas contentés de ces « simples » recettes. Les alliages ont commencé à proliférer comme l’aluminium céramisé chez Zenith, le carbure de tungstène et le Liquidmetal (verre métallique de zirconium, titane, cuivre, nickel et béryllium) chez Omega, le Hublonium (aluminium et magnésium) chez Hublot ou encore le Cératanium (titane et céramique) chez IWC. Ces quelques exemples, qui ont tous nécessité des mois, si ce n’est des années de développement, montrent bien que la technique horlogère n’est pas tout. A la complexité des mécanismes répond aujourd’hui l’ingénierie des matériaux. Une science qui intègre désormais de nouvelles pistes en matière de développement durable comme en attestent les bracelets en « cuir » végétal, les boîtiers en matériaux recyclés ou les mouvements à énergie solaire.

Look futuriste et ultra technique pour la Big Bang Unico Magic Gold en céramique auréolée d’une lunette taillée dans un alliage d’or inrayable développé par Hublot.

RAZ-DE-MARÉE VERT

Les nouveaux matériaux ne sont pas qu’une question d’alliages high-tech. Depuis que le développement durable investit le monde des entreprises, les horlogers ont commencé à développer des solutions d’avenir dans ce domaine. C’est le cas d’Ulysse Nardin qui a présenté une montre concept, la Diver Net, dont le boîtier et la lunette sont confectionné à partir d’un matériau créé à base de filets de pêche hors d’usage transformés en granulés de polyamide. La glace est en céramique transparente au plus faible coefficient environnemental et le bracelet constitué d’un textile issu à 100% de PET récupéré en mer. Le début d’un raz-de-marée ?